{"id":4409,"date":"2024-06-28T16:39:32","date_gmt":"2024-06-28T14:39:32","guid":{"rendered":"https:\/\/leprado.org\/?page_id=4409"},"modified":"2025-01-07T14:28:09","modified_gmt":"2025-01-07T13:28:09","slug":"eveque-auxiliaire-de-lyon","status":"publish","type":"page","link":"https:\/\/leprado.org\/eveque-auxiliaire-de-lyon\/","title":{"rendered":"\u00c9v\u00eaque auxiliaire de Lyon"},"content":{"rendered":"\t\t
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Auxiliaire \u00e0 vie<\/strong><\/p>\n Extrait (pages 139-141<\/i>) de l\u2019ouvrage de\u00a0Mgr Olivier de Berranger<\/b>,\u00a0Alfred Ancel, un homme pour l\u2019\u00c9vangile<\/b>, 1898-1984,<\/em>\u00a0Centurion,1988.<\/p>\n Par une journ\u00e9e froide de l’hiver, le P\u00e8re Joseph Ancel raconte qu’il rencontra par hasard son fr\u00e8re Alfred place Bellecour. Celui-ci d\u00e9bouchait sans h\u00e2te de la rue Auguste Comte, et, curieusement, il avait l’air \u00ab tout triste\u00bb : Alfred Ancel n\u2019\u00e9tait pas l\u2019\u00e9v\u00eaque du Prado<\/span><\/p>\n [\u2026] Alfred Ancel n’\u00e9tait pas \u00ab l’\u00e9v\u00eaque du Prado\u00bb, quelles que fussent les confusions qu’en dehors de Lyon on pouvait entretenir \u00e0 ce sujet. Mais il est juste de reconna\u00eetre que sa fonction d’\u00e9v\u00eaque, en l’introduisant comme un \u00e9gal parmi ses pairs dans l’\u00c9glise de France, lui ouvrit bien des portes. Son autorit\u00e9 personnelle faisant le reste, cette ordination du 25 mars 1947 eut sur l’histoire du Prado, et, indirectement, sur celle de l’\u00e9vang\u00e9lisation du monde ouvrier fran\u00e7ais, des r\u00e9percussions qu’il y aurait lieu d’\u00e9valuer. Mgr Ancel entendait distinguer, quant \u00e0 lui, ses deux fonctions tr\u00e8s astreignantes, et on se demande o\u00f9 il a trouv\u00e9 le temps d’accomplir tant de t\u00e2ches, depuis les confirmations jusqu’aux innombrables conf\u00e9rences et r\u00e9unions avec les groupes les plus divers. Son excellente sant\u00e9, sa capacit\u00e9 de s’endormir sit\u00f4t la veilleuse \u00e9teinte \u00e0 une heure avanc\u00e9e de la nuit, sa souplesse \u00e9tonnante pour passer d’un travail \u00e0 l’autre n’expliquent pas tout. Il avait aussi une aptitude \u00e0 vivre en pr\u00e9sence du Christ, dont il avait conscience, partout, d’\u00eatre un \u00ab repr\u00e9sentant \u00bb.<\/p>
– Qu\u2019est-ce qui t\u2019arrive ?
– Je n’en reviens pas moi-m\u00eame. Figure-toi que le cardinal m\u2019a convoqu\u00e9 pour me demander, au nom de l’ob\u00e9issance, de devenir son \u00e9v\u00eaque auxiliaire. Je compte sur toi pour la discr\u00e9tion. Mais, tu vois, je suis boulevers\u00e9.
– C’est une bonne nouvelle, \u00e7a ! Qu’un pr\u00eatre comme toi, qui vis dans l’esprit de pauvret\u00e9 \u00e9vang\u00e9lique du Prado devienne \u00e9v\u00eaque, moi \u00e7a me ferait plaisir au contraire… Ne crois tu pas que l’\u00e9piscopat a besoin de ton t\u00e9moignage ?
– \u2026.
Alfred Ancel \u00e9tait sinc\u00e8rement boulevers\u00e9. Il n’avait qu’un d\u00e9sir, c’\u00e9tait de rester au service du Prado qu’il voyait en pleine croissance. Et c’\u00e9tait bien parce que le cardinal Gerlier l’avait assur\u00e9 qu’il le laisserait poursuivre sa t\u00e2che de Sup\u00e9rieur qu’il ne pouvait lui opposer un refus. Malgr\u00e9 lui, en effet, le P\u00e8re Ancel ne passait pas inaper\u00e7u dans l’\u00c9glise de France. L’archev\u00eaque de Paris, le cardinal Emmanuel Suhard, dont le rayonnement \u00e9tait si grand alors, avait observ\u00e9 cette modeste personnalit\u00e9 du clerg\u00e9 lyonnais. Il avait fait savoir au cardinal Gerlier qu’il souhaitait le voir devenir \u00e9v\u00eaque titulaire d’un dioc\u00e8se. Se sentant lui-m\u00eame d\u00e9cliner, le cardinal Suhard cherchait des hommes qui poursuivraient l’intense labeur missionnaire dont il \u00e9tait l’un des initiateurs. Alfred Ancel, par sa formation \u00e9vang\u00e9lique au Prado et ses publications sur les probl\u00e8mes de pastorale ouvri\u00e8re, lui semblait l’un de ceux-l\u00e0.
Le cardinal Gerlier comprenait son \u00e9minent coll\u00e8gue de Paris. Mais il comprenait aussi le choix int\u00e9rieur d’Alfred Ancel. C’est pourquoi il avait trouv\u00e9 cette solution, accept\u00e9e par Pie XII lui-m\u00eame, de le faire nommer \u00e0 Lyon sans l’enlever au Prado. Lorsqu’il le pr\u00e9senta avec enthousiasme \u00e0 ses dioc\u00e9sains le 24 f\u00e9vrier 1947, il \u00e9crivit dans la Semaine Religieuse : \u00ab Cet ap\u00f4tre de J\u00e9sus-Christ, philosophe, th\u00e9ologien, sociologue, qui aspire \u00e0 r\u00e9aliser dans toute sa vie les traits du V\u00e9ritable Disciple a d’abord la hantise des souffrances de la masse populaire, d\u00e9christianis\u00e9e, d\u00e9laiss\u00e9e, paganis\u00e9e (…). Devait-il abandonner le Prado, au risque de compromettre une si bienfaisante extension ? (…). Le Souverain Pontife a daign\u00e9 garder le P\u00e8re Ancel au Prado, o\u00f9 il va rester, sans le refuser \u00e0 l\u2019\u00e9piscopat. \u00bb
Le cardinal Suhard, faisant contre mauvaise fortune bon c\u0153ur, assista en personne au sacre du nouvel \u00e9v\u00eaque, qui fut c\u00e9l\u00e9br\u00e9 \u00e0 la primatiale Saint-Jean le 25 mars, jour choisi par lui parce que, dans le calendrier liturgique, c’est la f\u00eate de l’Annonciation \u00e0 Marie. Mgr Lebrun, \u00e9v\u00eaque d’Autun, et Mgr Bornet assistaient le cardinal Gerlier dans le rite d\u2019ordination. Et trois semaines plus tard, le cardinal Suhard \u00e9crira \u00e0 Mgr Ancel :
\u00ab Excellence et tr\u00e8s cher Seigneur,
\u00ab Votre lettre du 12 avril m’exprime la joie que vous avez ressentie de ma pr\u00e9sence \u00e0 votre cons\u00e9cration \u00e9piscopale. Je tiens \u00e0 vous dire que cette joie je l’ai ressentie moi-m\u00eame le premier. La satisfaction que j’\u00e9prouvais de ce Sacre n’\u00e9tait pas seulement la perspective d’un \u00c9piscopat qui s’av\u00e8re f\u00e9cond pour l’\u00c9glise, mais encore la cons\u00e9cration d’une \u0153uvre qui m’appara\u00eet de plus en plus utile et providentiellement pr\u00e9par\u00e9e pour l’\u00c9glise catholique dans notre pays de France.
\u00ab Comment ne pas admirer au surplus, l’action de la Providence qui s’est servie de cet homme de Dieu qu’\u00e9tait le P\u00e8re Chevrier pour lui faire produire m\u00eame au-del\u00e0 de ses pens\u00e9es personnelles, tout l’id\u00e9al que comporte l’\u0153uvre dont il a lui-m\u00eame jet\u00e9 les premiers fondements ? Cette \u0153uvre devait porter dans le monde l’id\u00e9al de la saintet\u00e9 et de la pauvret\u00e9 du Christ dans la conqu\u00eate des \u00e2mes et il se trouve qu’aujourd’hui, par la formation d’un clerg\u00e9 qui s’inspire de cette pens\u00e9e, l’id\u00e9e non seulement se fait jour, mais encore s’av\u00e8re de plus en plus assur\u00e9e et puissante… \u00bb
Rendant compte de la c\u00e9r\u00e9monie, le quotidien ind\u00e9pendant La Libert\u00e9 avait conclu sur un sentiment g\u00e9n\u00e9ral : \u00ab L’\u00c9glise de Lyon peut se r\u00e9jouir, elle a bien l’\u00e9v\u00eaque qu’il lui faut dans les temps que nous vivons .\u00bb
Au Prado aussi on \u00e9tait en liesse. Aim\u00e9 Suchet dit simplement, au cours des nombreux toasts qui suivirent le repas du sacre : \u00ab Ce qui nous a surpris d’ailleurs, ce n’est pas qu’on ait jet\u00e9 les yeux sur notre Sup\u00e9rieur ; ses m\u00e9rites nous sont trop connus… mais c’est que l’abri qu’il s’\u00e9tait volontairement choisi en venant parmi nous, se soit r\u00e9v\u00e9l\u00e9 inefficace. \u00bb
[\u2026]<\/p>\t\t\t\t\t\t\t\t<\/div>\n\t\t\t\t<\/div>\n\t\t\t\t
L’hypoth\u00e8se que Mgr Ancel quitte Lyon pour devenir l’\u00e9v\u00eaque titulaire d’un grand dioc\u00e8se fut faite plus d’une fois… par d’autres que lui-m\u00eame. La plus s\u00e9rieuse des alarmes qu’il connut en ce sens ne tarda gu\u00e8re apr\u00e8s sa nomination, puisqu’elle survint pr\u00e9cis\u00e9ment \u00e0 la mort du cardinal Suhard le 30 mai 1949. Parmi les noms qui circulaient d\u00e9j\u00e0 depuis le d\u00e9but de la maladie de ce dernier pour son remplacement \u00e0 Paris, celui d’Alfred Ancel revint avec une telle insistance que celui-ci crut n\u00e9cessaire d’\u00e9crire au cardinal Gerlier :
\u00ab \u00c9minence,
\u00ab Vous ne pouvez ignorer certains pronostics qui se font \u00e0 mon sujet, concernant la succession du cardinal Suhard (…). Si jamais vous appreniez que mon nom \u00e9tait mis en avant, je vous serais reconnaissant de faire conna\u00eetre \u00e0 la nonciature, avant que l’on ne proc\u00e8de \u00e0 des d\u00e9marches plus officielles, certaines objections que je crois, en conscience, devoir exposer (…). \u00bb Ici, le P\u00e8re Ancel mettait en avant ses \u00ab d\u00e9ficiences personnelles \u00bb. Puis : \u00abJe suis de plus en plus persuad\u00e9 que le Prado est \u0153uvre de Dieu, que le message du P\u00e8re Chevrier vient d’en haut et que la r\u00e9novation spirituelle qu’il a voulue-selon l’\u00c9vangile est un moyen providentiel que Dieu a mis \u00e0 la disposition de son \u00c9glise pour qu’elle puisse mieux s’adapter aux besoins contemporains. Si on avait \u00e9cout\u00e9 plus t\u00f4t le message du P\u00e8re Chevrier, il me semble qu’il ne se serait pas \u00e9tabli, entre les ouvriers et l’\u00c9glise, cette barri\u00e8re qui para\u00eet maintenant infranchissable. La mission du P\u00e8re Chevrier date de 1856. Elle a suivi de huit ans le Manifeste du Parti communiste. Il y a des rapprochements qui s’imposent (\u2026).\u00bb<\/p>
Enfin, apr\u00e8s avoir rappel\u00e9 au Cardinal que le Prado est en pleine extension et lui avoir dit qu’\u00e0 son point de vue personne n’est encore pr\u00eat \u00e0 lui succ\u00e9der, il r\u00e9v\u00e8le pour la premi\u00e8re fois \u00e0 son archev\u00eaque un projet qu’il a nourri en lui : \u00ab … J’esp\u00e8re bien que, d’ici quelques ann\u00e9es, je pourrai laisser \u00e0 d’autres la place que j’occupe au Prado. Je pourrais, \u00e0 ce moment-l\u00e0, demander au Souverain Pontife la permission de rejoindre nos pr\u00eatres travaillant en usine. Ils aimeraient avoir un \u00e9v\u00eaque avec eux. Certes, ils sont heureux de la confiance qui leur est t\u00e9moign\u00e9e par la hi\u00e9rarchie. Mais s’ils avaient un \u00e9v\u00eaque avec eux, leurs camarades ouvriers comprendraient mieux qu’ils sont d’\u00c9glise. Restant \u00e9v\u00eaque auxiliaire de Lyon, je pourrais \u00e0 la fois, si je pouvais vivre avec eux, marquer l’unit\u00e9 de l’\u00c9glise et son \u00e9tablissement dans le prol\u00e9tariat.\u00bb<\/p>\t\t\t\t\t\t\t\t<\/div>\n\t\t\t\t<\/div>\n\t\t\t\t