{"id":4414,"date":"2024-07-01T10:02:27","date_gmt":"2024-07-01T08:02:27","guid":{"rendered":"https:\/\/leprado.org\/?page_id=4414"},"modified":"2024-10-09T11:39:39","modified_gmt":"2024-10-09T09:39:39","slug":"superieur-general-du-prado","status":"publish","type":"page","link":"https:\/\/leprado.org\/superieur-general-du-prado\/","title":{"rendered":"Sup\u00e9rieur g\u00e9n\u00e9ral du Prado"},"content":{"rendered":"\t\t
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De grands projets<\/strong><\/p>\n Extrait (pages 110-112<\/i>) de l\u2019ouvrage de\u00a0Mgr Olivier de Berranger<\/b>,\u00a0Alfred Ancel, un homme pour l\u2019\u00c9vangile<\/b>, 1898-1984,<\/em>\u00a0Centurion,1988.<\/p>\n A son fr\u00e8re Henri, qui lui demandait un jour s’il n’\u00e9prouvait jamais quelque regret de n’avoir pas eu \u00e0 g\u00e9rer l’entreprise paternelle, Alfred r\u00e9pondit : \u00ab Oh non ! Tu vois, pour moi, une usine c’est trop petit\u2026 \u00bb En accordant \u00e0 cette boutade l’humour qui \u00e9maillait parfois les r\u00e9parties du P\u00e8re Ancel, il faut certainement y voir aussi un aveu tout \u00e0 fait sinc\u00e8re. Un chef d’entreprise, s’il veut prosp\u00e9rer, fait des plans et doit \u00e9laborer sans cesse de nouveaux projets. Ceux d’Alfred Ancel devenu sup\u00e9rieur du Prado \u00e9taient-ils, au moins par analogie, significatifs d’une grande ambition humaine ? Les r\u00e9sultats chiffr\u00e9s, eux, \u00e9taient remarquables. Pour n’en donner que deux, les s\u00e9minaristes en lien avec le Prado \u00e9taient une trentaine en 1945 mais 195 en 1948 ; et alors qu’il n’y avait que 67 pr\u00eatres inscrits dans la Soci\u00e9t\u00e9 au moment o\u00f9 le P\u00e8re Ancel succ\u00e9dait au P\u00e8re Laffay, ils \u00e9taient d\u00e9j\u00e0 442 en 1954. Bien des lettres envoy\u00e9es aux \u00e9v\u00eaques, lorsque le Prado commencera \u00e0 sortir du dioc\u00e8se de Lyon, sonneront comme des bulletins de victoire. Il est vrai que parall\u00e8lement, surtout apr\u00e8s la guerre, les Petits Fr\u00e8res et les Petites S\u0153urs de J\u00e9sus ou les Fr\u00e8res Missionnaires des Campagnes, parmi d’autres institutions analogues, se d\u00e9veloppent aussi de mani\u00e8re importante. Mais, pour le clerg\u00e9 s\u00e9culier, m\u00eame en tenant compte de la cr\u00e9ation de la Mission de France par l’Assembl\u00e9e des cardinaux et archev\u00eaques en 1941, il n’y a pas de pouss\u00e9e comparable \u00e0 celle du Prado.<\/p>\n Quoique imposants, ces r\u00e9sultats, qui correspondent \u00e0 des besoins de l’heure dans une France o\u00f9 le probl\u00e8me de l’adaptation de l’\u00c9glise dans la soci\u00e9t\u00e9 d’apr\u00e8s-guerre exige des innovations hardies, sont-ils \u00e0 la mesure des ambitions ? D\u00e8s l’\u00e9t\u00e9 1944, le P\u00e8re Ancel annonce \u00e0 ses confr\u00e8res que le Noviciat des p\u00e8res va s’installer \u00e0 Saint-Fons, en bordure de la nationale 7, dans les locaux d’un ancien caf\u00e9. Puis voici qu’il leur livre une confidence : \u00ab Vous dirai-je le fond de ma pens\u00e9e ? L’avenir montrera si elle est conforme \u00e0 la volont\u00e9 de Dieu. Il me semble que, pour installer vraiment le Prado dans les diff\u00e9rents dioc\u00e8ses, il faudrait que, dans chacun, existent \u00e0 la fois une \u0153uvre de premi\u00e8re communion (ou \u0153uvre similaire) et une \u00e9cole cl\u00e9ricale. L’\u0153uvre de la premi\u00e8re communion nous maintiendra au service des pauvres, des humbles, des d\u00e9sh\u00e9rit\u00e9s, des p\u00e9cheurs ; l’\u00e9cole cl\u00e9ricale nous r\u00e9p\u00e9tera sans cesse et d’une mani\u00e8re vivante l’id\u00e9al sacerdotal du P\u00e8re Chevrier. Alors les communaut\u00e9s pradosiennes seront vraiment solides: elles seront fond\u00e9es sur la m\u00eame base que le P\u00e8re Chevrier avait \u00e9tablie \u00e0 Lyon (…). C’est l\u00e0 une anticipation, c’est plut\u00f4t une intention de pri\u00e8re. \u00bb<\/p>\n Pour comprendre de tels projets, il est n\u00e9cessaire de les replacer dans la perspective o\u00f9 se situait son auteur. Le Prado, fond\u00e9 par Antoine Chevrier comme une \u00ab Providence \u00bb destin\u00e9e \u00e0 l’\u00e9ducation d’adolescents priv\u00e9s d’un minimum d’instruction religieuse et comme une p\u00e9pini\u00e8re d’ap\u00f4tres pauvres, \u00e9tait appel\u00e9 \u00e0 conna\u00eetre une \u00e9volution consid\u00e9rable. On peut parler de la v\u00e9ritable \u00ab mue \u00bb d’une institution, d’abord incarn\u00e9e dans des \u00ab \u0153uvres \u00bb lyonnaises, alors qu’elle allait de plus en plus se r\u00e9aliser \u00e0 l’int\u00e9rieur d’une transformation sociale et d’un dynamisme missionnaire qui touchaient l’ensemble de l’\u00c9glise de France.<\/p>\t\t\t\t\t\t\t\t<\/div>\n\t\t\t\t<\/div>\n\t\t\t\t Au service d’une vocation multiforme<\/span><\/p>\n Cet appel pouvait \u00eatre entendu de tous dans l’\u00c9glise de Dieu<\/span><\/p>\n Comme on le voit, ces orientations \u00e9vang\u00e9liques sont essentiellement adress\u00e9es \u00e0 des pr\u00eatres. Alfred Ancel \u00e9tait cependant tout \u00e0 fait persuad\u00e9 que l’appel \u00e0 une vie de \u00ab disciple \u00bb, dont Antoine Chevrier avait \u00e9t\u00e9 un t\u00e9moin d\u00e9pouill\u00e9 mais lumineux, avait des destinataires bien au-del\u00e0 des seuls clercs. Comme il l’affirmera encore dans son dernier livre, cet appel pouvait \u00eatre entendu de tous dans l’\u00c9glise de Dieu : \u00e9v\u00eaques et pr\u00eatres, religieux et religieuses, la\u00efcs chr\u00e9tiens… Mais c’est surtout \u00e0 ces derniers qu’il pense alors : \u00ab Je le redis encore aujourd’hui : le t\u00e9moignage \u00e9vang\u00e9lique des pr\u00eatres et des religieux ne suffit plus. Le monde a besoin de trouver aussi chez des la\u00efcs le t\u00e9moignage du Christ vivant dans son \u00c9glise. En effet, la situation religieuse de notre pays, et pas seulement dans le monde ouvrier, s’est encore d\u00e9grad\u00e9e depuis un si\u00e8cle (…). Sans doute, il y a encore chez nous des survivances de chr\u00e9tient\u00e9 : nous les connaissons \u00e0 travers les sondages sur la foi et sur la pratique religieuse. Mais il ne faudrait pas que ces faits ind\u00e9niables nous cachent une autre r\u00e9alit\u00e9. celle de la disparition progressive de la foi et m\u00eame de l’humus chr\u00e9tien dans des couches de plus en plus importantes de la population fran\u00e7aise, sp\u00e9cialement parmi les jeunes (…). Notre \u00e9poque exige en quelque sorte que des la\u00efcs s’engagent, tout en restant la\u00efcs, dans les voies de la perfection \u00e9vang\u00e9lique. Notre monde a besoin de voir un assez grand nombre de chr\u00e9tiens la\u00efcs partager avec tous la vie du mariage, le travail professionnel et les engagements terrestres, en vivant vraiment selon l’esprit des B\u00e9atitudes et en manifestant J\u00e9sus-Christ \u00e0 travers toute leur vie. \u00bb<\/p>\t\t\t\t\t\t\t\t<\/div>\n\t\t\t\t<\/div>\n\t\t\t\t
Apr\u00e8s la mort de Francis Laffay, le 15 f\u00e9vrier 1942, il fallut lui trouver un successeur. D\u00e8s le 25 f\u00e9vrier, les 54 \u00e9lecteurs convoqu\u00e9s par Paul Chervier se rassemblaient, et Alfred Ancel \u00e9tait \u00e9lu. Il devait remplir successivement cinq mandats de six ann\u00e9es \u00e0 la t\u00eate du Prado, dont il demeura le sup\u00e9rieur jusqu’en 1971. C’est assez dire que son histoire va d\u00e9sormais se confondre, pendant pr\u00e8s de trente ans, avec celle du Prado. Il n’est pas question ici de retracer cette histoire. Nous chercherons seulement, \u00e0 partir des projets qu’il a mis sur pied et des orientations qu’il a donn\u00e9es, \u00e0 saisir comment Alfred Ancel a v\u00e9cu ce minist\u00e8re au service de l’\u00c9glise comme un combat spirituel. Et nous nous bornerons essentiellement, pour ce faire, \u00e0 la p\u00e9riode qui pr\u00e9c\u00e8de sa vie \u00e0 Gerland, soit jusqu’au d\u00e9but des ann\u00e9es 50.<\/p>\n
Quelle fut donc, pour Alfred Ancel, l’originalit\u00e9 de la \u00ab vocation pradosienne \u00bb dans les grandes d\u00e9cades missionnaires de l\u2019apr\u00e8s-guerre ?
Lorsqu’on scrute non plus ses projets, mais les orientations qu’il a donn\u00e9es, une chose frappe par sa constance : cet homme s’est battu toute sa vie contre le \u00ab m\u00e9thodisme \u00bb. Il emploie lui-m\u00eame ce terme, d\u00e9signant par l\u00e0 un \u00e9tat d’esprit qui, bien entendu, n’a rien \u00e0 voir avec la confession chr\u00e9tienne qui porte ce nom. Il s’agit pour lui d’une \u00ab d\u00e9viation missionnaire\u00bb, et il en donne quelques applications tr\u00e8s pr\u00e9cises :
\u00ab Un des signes qui prouvent qu’on est atteint de m\u00e9thodisme, c’est le temps que l’on consacre \u00e0 penser ses m\u00e9thodes. Si un pr\u00eatre n’a plus le temps de prier, de bien dire son br\u00e9viaire, de s’occuper de ses paroissiens parce qu’il lui faut penser ses m\u00e9thodes, il n’y a pas de doute, le diagnostic est fait. Il est frapp\u00e9 de m\u00e9thodisme. Un autre signe de m\u00e9thodisme, c’est l’autoritarisme dans l’emploi d’une m\u00e9thode et l’exclusivisme vis-\u00e0-vis des autres m\u00e9thodes. Quand un pr\u00eatre est tellement pris par la liturgie de la messe face au peuple, qu’il ne peut plus la dire autrement, il est s\u00fbrement atteint. Quand un pr\u00eatre est tellement pris par ses r\u00e9unions de quartier, ses militants d’Action catholique sp\u00e9cialis\u00e9e qu’il ne peut plus rien voir, ni accepter du dehors, \u00e7a y est : il est atteint (…). Les m\u00e9thodes sont des servantes, il faut s’en servir et ne jamais s’y asservir (…). Aucune m\u00e9thode n’est n\u00e9cessaire, aucune n’est universelle. \u00bb
Est-ce \u00e0 dire qu’Alfred Ancel se moque des m\u00e9thodes dans le travail apostolique et conseille un relativisme d\u00e9daigneux ? Il n’en est pas question. C’est le sectarisme qu’il combat: \u00ab Ne nous laissons jamais prendre par des th\u00e9ories qui contiennent sans doute des \u00e9l\u00e9ments excellents, mais qui deviennent fausses d\u00e8s qu’elles manifestent des pr\u00e9tentions totalitaires, exclusives ou sectaires. Faisons bien l’\u0153uvre de Dieu, et Dieu fera son \u0153uvre. \u00bb
Ce billet a \u00e9t\u00e9 \u00e9crit en 1951. Mais, d\u00e8s 1926, Alfred Ancel ne disait-il pas \u00e0 la chapelle du Prado, dans son hom\u00e9lie sur saint Jean-Baptiste : \u00ab Vous voyez quelle importance relative il faut donner aux diverses \u0153uvres d\u2019apostolat… \u00bb Il y a sur ce point chez lui une continuit\u00e9 sans faille. L’exp\u00e9rience, les circonstances pourront bien modifier son champ d’application et affiner son vocabulaire. Les convictions spirituelles demeurent. Par exemple, \u00e0 l’\u00e9poque o\u00f9 les colonies de vacances font flor\u00e8s et constituent le terrain de pr\u00e9dilection des s\u00e9minaristes pour leurs activit\u00e9s apostoliques, le P\u00e8re Ancel leur \u00e9crit : \u00ab Il n’est pas admissible qu’un s\u00e9minariste consacre plusieurs heures \u00e0 la pr\u00e9paration d’un rallye ou d’une petite guerre et qu’il improvise une explication de la Messe ! \u00bb Lorsque tous les pr\u00eatres et les religieuses courent les Congr\u00e8s pastoraux, il pr\u00e9cise sa pens\u00e9e : \u00ab Nous connaissons, par notre formation pradosienne, l’essentiel de l’apostolat sacerdotal, mais il ne faudrait pas pour autant m\u00e9priser les diverses m\u00e9thodes et techniques adapt\u00e9es aux besoins actuels (…). Ceux qui voudraient, sous pr\u00e9texte de fid\u00e9lit\u00e9 \u00e0 l’esprit \u00e9vang\u00e9lique, m\u00e9priser les techniques et m\u00e9thodes modernes, montreraient qu’ils ne poss\u00e8dent pas vraiment cet esprit et ils risqueraient, par un contrecoup n\u00e9cessaire, de faire m\u00e9priser l’esprit \u00e9vang\u00e9lique. \u00bb
\u00ab Ind\u00e9finiment \u00bb, comme il le dit, il revient sur la parabole d\u2019Antoine Chevrier \u00e0 propos de \u00ab l’arbre artificiel et l’arbre naturel \u00bb, en commentant : \u00ab Sans doute, il faut pr\u00e9parer les r\u00e9unions, mais il faut davantage pr\u00e9parer le pr\u00eatre que pr\u00e9parer les r\u00e9unions… \u00bb Et un jour, mais c’\u00e9tait en 1947, il invente lui-m\u00eame une autre parabole :
\u00ab En caricaturant un peu, on pourrait ainsi composer la pri\u00e8re des n\u00e9o-pharisiens : Mon Dieu, je vous rends gr\u00e2ce de ne pas \u00eatre comme les autres chr\u00e9tiens, formalistes et scl\u00e9ros\u00e9s, ni m\u00eame comme le pape et les \u00e9v\u00eaques qui se pr\u00e9occupent encore des \u00e9coles chr\u00e9tiennes et autres choses p\u00e9rim\u00e9es… Pour moi, je vis comme un pauvre et je m’incarne dans la masse, je suis un t\u00e9moignage vivant et je ne m’inqui\u00e8te pas des r\u00e8gles, l’esprit me suffit. \u00bb Et de citer une vieille histoire : \u00ab On dit qu’un Russe (ce devait \u00eatre un parfait r\u00e9volutionnaire) constatant que son pantalon \u00e9tait sale et d\u00e9chir\u00e9, d’un geste vengeur, le jeta au feu… et apr\u00e8s, il s’aper\u00e7ut qu’il n’en avait pas d’autre. L’histoire n’est s\u00fbrement pas vraie, mais ce qu’elle signifie a \u00e9t\u00e9 fait plus d’une fois. \u00bb\u00a0<\/span><\/p>\t\t\t\t\t\t\t\t<\/div>\n\t\t\t\t<\/div>\n\t\t\t\t\u00a0<\/h5>\n
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