, dont l’activit\u00e9 \u00e9tait \u00e0 l’origine la d\u00e9coupe sur \u00e9toffe, en s\u00e9rie et \u00e0 fa\u00e7on (par exemple la d\u00e9coupe de mouches pour voilettes de dames), \u00e9tait situ\u00e9e 19 rue Montesquieu. L’achat en 1937 de l’atelier d’un menuisier situ\u00e9 au 6-8 boulevard du Parc d’Artillerie a permis de d\u00e9velopper l’activit\u00e9 de d\u00e9coupe de tissu pour ce disque est constitu\u00e9 la fabrication de disques de polissage en tissu (feutre, coton, laine\u2026)<\/span><\/p>Des clients des \u00e9tablissements Tony David bas\u00e9s entre autre \u00e0 Saint-Etienne, fabricants de pi\u00e8ces d\u00e9tach\u00e9es de v\u00e9lo, ont commenc\u00e9 \u00e0 utiliser un brillanteur dans les bains \u00e9lectrolytiques et n’ont donc plus eu besoin d’autant de disques de polissage. L’entreprise a alors commenc\u00e9 \u00e0 les fournir en m\u00e9taux. Puis, une nouvelle soci\u00e9t\u00e9 fut cr\u00e9\u00e9e au 6 boulevard du Parc d’Artillerie, la SAM (Soci\u00e9t\u00e9 d’Affinage des M\u00e9taux), afin de d\u00e9velopper l’activit\u00e9 m\u00e9tallurgique. Un chimiste y travaillait.<\/span><\/p>Pendant la guerre, l’activit\u00e9 fut ralentie, l’atelier de Gerland servant uniquement d’entrep\u00f4t avec sept \u00e0 huit salari\u00e9s, la maison m\u00e8re continuant la production. Le stock de nickel fut transport\u00e9 au Prado et \u00e0 Beynost afin d’\u00e9viter que les Allemands ne le r\u00e9quisitionnent. En 1944, l’entreprise fut bombard\u00e9e et le mat\u00e9riel, dont une immense cisaille \u00e0 m\u00e9tal nouvellement acquise, fut totalement an\u00e9anti. On ne retrouva qu’un tube \u00e0 essai et les lunettes du chimiste de la SAM. Il fallut ensuite tout racheter et tout reconstruire et le red\u00e9marrage fut difficile en 45.<\/span><\/p>\u00ab Pendant la guerre, notre p<\/em>\u00e8<\/em>re allait au ravitaillement dans la ferme familiale de Montferrat, en Is<\/em>\u00e8<\/em>re et rapportait de la nourriture qu’il distribuait au personnel de l’atelier (une quinzaine de personnes) avec la paie hebdomadaire.<\/em><\/p>Notre famille, qui habitait place Raspail, a toujours \u00e9t\u00e9 assez proche du Prado : comme nous avions une voiture, nous avons effectu\u00e9 des transports pour eux quand ils en avaient besoin et d’anciennes prostitu\u00e9es, dont s’occupait s\u0153ur Anna, ont \u00e9t\u00e9 embauch\u00e9es dans l’entreprise familiale. <\/em>\u00bb<\/em> Fran\u00e7oise Coiffet et Pierre David<\/p>L’usine fut reconstruite en b\u00e9ton arm\u00e9, aux normes d’une usine moderne, avec un quai d’embarquement. Les plans en avaient \u00e9t\u00e9 dessin\u00e9s par Charles Joly, architecte de la SNCF et ami de la famille. Il y avait des bureaux, un laboratoire pour le chimiste et les ateliers, dont un pour l’\u00e9lectrolyse, un pour le m\u00e9tal, un grand atelier pour l’appr\u00eat du tissu (pour lui donner les propri\u00e9t\u00e9s abrasives n\u00e9cessaires au polissage des m\u00e9taux) avec calandre, s\u00e9cheur et bacs d’appr\u00eat s\u00e9curis\u00e9s, un pour la d\u00e9coupe, un pour le baguettage… Il y avait une tr\u00e8s grosse chemin\u00e9e ext\u00e9rieure et une chaudi\u00e8re automatis\u00e9e au charbon \u00e0 l’int\u00e9rieur (une des premi\u00e8res de l’\u00e9poque) qui produisait la vapeur sous pression n\u00e9cessaire \u00e0 l’appr\u00eat. L’entreprise puisait l’eau dans les nappes phr\u00e9atiques et avait son propre r\u00e9servoir d’eau, sur le toit. Dans les ann\u00e9es 50, un nouveau proc\u00e9d\u00e9 d’appr\u00eat fut mis au point afin d’obtenir du tissu r\u00e9tractable.<\/p>
\u00ab En ce qui concerne l’activit\u00e9 m\u00e9tallurgique de la SAM, plusieurs recherches ont eu lieu boulevard du Parc d’Artillerie. La mise au point de la distillation du mercure produisait une vapeur toxique a l’int\u00e9rieur de l’atelier et notre p<\/em>\u00e8<\/em>re avait install\u00e9 un estanco en planches sur le trottoir pour y faire ses exp\u00e9riences. Ensuite, la distillation du mercure a \u00e9t\u00e9 sous-trait\u00e9<\/em>e.<\/em><\/p>Notre p<\/em>\u00e8<\/em>re utilisait beaucoup de mat\u00e9riaux de r\u00e9<\/em>cup<\/em>\u00e9ration, ce qui \u00e9tait d’avant-garde, aussi bien pour le tissu (capotes de la seconde guerre mondiale, parachutes…) que pour les m\u00e9taux comme le nickel en d\u00e9chets qui venait de toutes origines, le m\u00e9lange de nickel avec du cuivre, l’\u00e9tain, le cadmium, le mercure distill\u00e9<\/em>, utilis<\/em>\u00e9 entre autre par les dentistes et que l’on trouvait aussi dans les lampes TSF de l’arm\u00e9e am\u00e9ricaine… A partir de ces m\u00e9taux, il obtenait un produit pur par \u00e9lectrolyse ou proc\u00e9d\u00e9 chimique. Il travaillait en lien avec des professeurs de l’universit\u00e9 catholique, qui \u00e9taient chimistes.<\/em><\/p>Une autre id\u00e9<\/em>e importante d<\/em>\u00e9velopp\u00e9e et mise en application par notre p<\/em>\u00e8<\/em>re \u00e9tait celle de la sous-traitance : la fonte du nickel \u00e9tait r\u00e9alis\u00e9e dans les forges de Bompertuis, en Is<\/em>\u00e8<\/em>re car il n’y avait pas de four assez puissant sur place. Parfois, la premi<\/em>\u00e8<\/em>re coul<\/em>\u00e9e \u00e9tait faite par notre p<\/em>\u00e8<\/em>re ou notre oncle, son fr<\/em>\u00e8<\/em>re, qui travaillait avec lui, pour ne pas engager la s\u00e9curit\u00e9 des ouvriers.<\/em><\/p>D’autres op\u00e9rations \u00e9taient effectu\u00e9es par des travailleurs \u00e0 domicile comme la couture de gants de protection en velours, n\u00e9cessaires aux ouvriers manipulant les t\u00f4les. De m\u00eame, des ballots de chiffon \u00e9taient trait\u00e9s et mis aux normes pour l’entreprise gr\u00e2ce \u00e0 des ex-taulards encadr\u00e9s par le p<\/em>\u00e8<\/em>re Capetier, du Prado, dans le cadre de leur r\u00e9insertion \u00e0 Saint-L\u00e9onard, vers Albigny, dont il avait la responsabilit\u00e9 et qui fonctionnait un peu comme un CAT. En 1940, il a eu \u00e9galement des prisonniers politiques \u00e0 Saint-L\u00e9onard qui ont travaill\u00e9 pour nous. Le p<\/em>\u00e8<\/em>re Ancel, <\/em>\u00e9v\u00eaque ouvrier vivant dans la communaut\u00e9 du Prado, rue Hector Malot, intellectuel issu d’une grande famille soyeuse, \u00e9tait interdit de travailler en usine par Rome. Il d\u00e9coupa lui aussi du tissu pour notre p<\/em>\u00e8<\/em>re, \u00e0 domicile, pendant trois ou quatre ann\u00e9es mais, \u00e9tant borgne depuis l’\u00e2ge de 14 ans, il avait un tr<\/em>\u00e8<\/em>s mauvais rendement. Il avait appris le m\u00e9tier \u00e0 Saint-L\u00e9onard entre 1954 et 1958.<\/em><\/p>Dans les ann\u00e9es 50, une soixantaine de personnes travaillaient \u00e0 Gerland, dont une grande majorit\u00e9 de femmes. Il y avait deux directeurs (notre p<\/em>\u00e8<\/em>re, commercial et notre oncle, ing\u00e9nieur), une secr\u00e9taire de direction pour la paie, une autre secr\u00e9taire, un comptable, un chauffeur livreur ; un responsable d’entretien, des chefs d’atelier et des ouvriers. Le travail \u00e9tait salissant mais s\u00e9curis\u00e9 et en grande partie automatis\u00e9. Il y avait \u00e9galement du personnel issu de l’immigration alg\u00e9rienne. L’entreprise \u00e9tait paternaliste et le personnel y \u00e9tait attach\u00e9. Ainsi, comme la famille poss\u00e9dait un immeuble rue Jangot, lorsqu’il y avait des appartements libres, elle les louait \u00e0 ses employ\u00e9s. <\/em>\u00bb <\/em>Fran\u00e7oise Coiffet et Pierre David<\/p>Les clients de l’entreprise \u00e9taient les usines Peugeot, Seb, Tefal, La Solac (\u00e9tamage, bo\u00eetes de conserve, Formica (polissage de formes de pressage du Formica) Tout ce qui \u00e9tait en m\u00e9tal et qui brillait (coutellerie, montres, voitures, bo\u00eete de conserve, po\u00eales\u2026) passait par les disques de polissage David. L’entreprise fabriquait \u00e9galement de la p\u00e2te \u00e0 polir rue du B\u00e9guin. Les seuls concurrents \u00e9taient les Allemands.<\/p>
Passage extrait du livre Gerland sur les traces de son pass\u00e9<\/b>, de C\u00e9cile Mathias et des habitants de Gerland, \u00e9ditions du Mot Passant, 2010, pages 30 et 32.<\/i><\/p>\t\t\t\t\t\t\t\t<\/div>\n\t\t\t\t<\/div>\n\t\t\t\t