« C’est le mystère de Noël qui m’a converti » raconte le Père Chevrier.
C’est pourquoi cette fête est d’une grande importance dans la tradition pradosienne. Chaque année le responsable général, Armando Pasqualotto et ses assistants, Luc Lalire et Sergio Braga adressent une lettre de Noël à tous les pradosiens du monde entier.
En cette fin de 2024, ils ont choisi de partager également les mots de Youssef ASSAF (Conseiller et membre du Prado d’Orient), qui représente les chrétiens qui vivent une période d’une extrême violence.
Bonne lecture et n’hésitez pas à partager leur message avec vos proches.
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La lettre en français est également accessible en lecture directe, cliquez-ici.
« L’ESPÉRANCE NE DÉÇOIT PAS »
Chers tous,
Le mystère de l’Incarnation qui nous oriente et nous rappelle qu’être disciples et apôtres de Jésus-Christ pour les pauvres, trouve son origine en « Dieu notre Sauveur et de Jésus-Christ notre espérance » (1 Tm 1, 1). La lumière de Noël accompagne le chemin de toute vie éprouvée, mais c’est dans la foi que « rien ni personne ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté dans le Christ » (Rm 8, 39).
Nous souhaitons que cette parole d’espérance offerte à chacun de vous soit la parole que vous offrirez aussi à ceux que vous rencontrerez sur votre chemin quotidien et qui sont à la recherche de « l’espérance qui ne déçoit pas » selon la Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains (Rm 5, 5).
Le pape François nous invite à entreprendre des « Chemins d’espérance » au cours de l’année jubilaire qui commence à Noël. Comment pouvons-nous raviver notre espérance et l’espérance des peuples ? Quels chemins sommes-nous appelés à parcourir pour redécouvrir la béatitude de ceux qui placent leur espérance dans le Seigneur ?
Cette année, nous faisons nôtres les paroles d’espérance qui nous viennent de nos frères Pradosiens du Prado d’Orient. Les peuples qui habitent cette région et qui sont accompagnés par elle pastoralement, sont sous le fléau de la guerre, de la suspicion, de la violence aveugle qui ne distingue plus les citoyens de ceux qui ont les mains armées. Dans cette terre, comme dans toutes celles marquées par la violence, il semble que le sens de l’autre, bien distinct de soi, se soit effacé. Le sens de sa vie, si sacrée aux yeux du Très-Haut, s’est perdu. C’est non seulement la perception de la vie qui est altérée, mais également la compréhension de Dieu qui s’en trouve transformée. Dieu n’est plus la racine universelle des peuples. Il a été kidnappé par l’idéologie du nationalisme messianique. C’est donc au nom de Dieu, qui est au pouvoir, que se justifie tout ce qu’on fait, y compris la violence qui enlève la vie de l’autre et, donc nie Dieu lui-même.
Laissons-nous conduire sur des chemins d’Espérance par la lecture de foi que font nos frères pradosiens sur le drame qu’ils vivent en ces jours, en particulier au Liban.
« En tant que pèlerins de l’Espérance, marchons avec Joseph et Marie qui se déplacent selon l’ordre de l’empereur, mais en attente de Celui dont il ignore l’existence. Marchons dans la joie, en hâte, avec les bergers qui courent pour voir la Parole annoncée par l’Ange du Seigneur. Marchons dans la docilité des mages, conduis par l’étoile mais aussi par un désir profond d’un cœur inquiet qui ne peut se reposer qu’en Dieu !
Si nous osons faire ce voyage qui naît du désir dans des circonstances pas toujours justes, ce voyage va susciter en nous une joie et une paix qui ne sont pas de ce monde, et qui ont un nom : « Esprit de Dieu » ou « Souffle Divin. » Alors Saint Pierre nous invite à « être prêts à tout moment à présenter une défense devant quiconque nous demande de rendre raison de l’espérance qui est en nous. » (1P 3.15)
En revenant au texte de cet épître (3.8-18), nous recevons l’appel à recevoir la bénédiction en héritage. Ne la perdons jamais, même dans les pires circonstances. Vivons dès aujourd’hui selon ce précieux héritage en le faisant fructifier, en puisant notre force en lui et en le propageant autour de nous. Il est vrai que nous sommes au milieu d’une multitude de difficultés, mais qui est celui qui vit sans rencontrer des difficultés ? Si la souffrance est la part de tous, alors souffrons en faisant le Bien et non pas le mal.
Pierre nous invite à nous attacher au Christ, à lui laisser une place dans nos cœurs ; c’est de lui que nous accueillons notre espérance car, même s’il était mort selon la chair, il est Vivant par la puissance de l’Esprit. Notre vie en Christ, avec lui et par lui, est le signe de notre espérance. C’est par notre vie, et pas seulement par nos paroles, que nous pouvons porter l’Espérance au monde. Le plus important n’est pas notre pouvoir ni notre parole, comme nous l’a dit le Père Chevrier, mais ce sont nos vertus qui montreront le beau visage du Verbe fait chair.
Sur tous les continents, nous assistons à des catastrophes naturelles ou causées par l’action humaine… Sous nos yeux au Liban, beaucoup de gens souffrent, et plusieurs n’ont aucune espérance, mais le messager de Noël proclame la Bonne Espérance pour les humains !
Cette espérance se voit par des signes concrets, même si comme tels ils n’ont pas le pouvoir d’arrêter aujourd’hui les malheurs ; mais ils sèment les grains du Royaume dans notre humanité et dans le monde. Ces signes nous viennent d’abord par les souffrants eux-mêmes qui ne se laissent pas vaincre par le mal et le désespoir. En effet, ils ont l’audace de lutter en voyant autour d’eux ceux qui souffrent ; ils nous rappellent que l’Église est née de la blessure du crucifié, qui a donné sa vie comme Fils et comme Frère.
On peut puiser également cette espérance chez ceux qui ont de la compassion, ceux qui sont solidaires par des petits gestes ou ceux qui se proposent de vivre avec les sinistrés dans la catastrophe, en s’exposant au danger, pour servir leurs frères en humanité. Noël nous rappelle que ces signes ne se limitent pas à une dimension humaine, mais que c’est Dieu Lui-même qui se fait solidaire avec nous en Jésus, et à travers Lui. Il prolonge sa compassion pour le monde à travers les signes d’hommes porteurs d’espérance qui sont ainsi la manifestation de cet Amour.
En faisant, dans l’Espérance, notre pèlerinage vers le Royaume, et cheminant aujourd’hui et demain avec nos sœurs et frères, nous nous préparons à vivre le jubilée de l’année Sainte 2025 ainsi que le Jubilée pradosien du bicentenaire de la naissance d’Antoine Chevrier : 2026 – 16 avril – 2027. L’Esprit nous donne la grâce de vivre en communion avec le charisme commencé avec le Bx Antoine, de suivre Notre Seigneur Jésus Christ de plus près, et qui se poursuit aujourd’hui pour le porter aux gens de notre monde, en commençant par les plus pauvres.
Que le Noël de cette année nous fasse grandir dans notre connaissance du Verbe incarné, afin de mieux vivre avec lui, de s’y attacher de plus en plus pour être son signe et son sacrement pour le salut du monde. »
Lyon, le 08 / 12 / 2024
Armando PASQUALOTTO (Responsable général),
Luc LALIRE (1er assistant), Sergio BRAGA DOS SANTOS NETO (2ème assistant)
et Youssef ASSAF (Conseiller et membre du Prado d’Orient).