EXPO ANCEL 2024

Alfred Ancel travailleur à Gerland

L’évêque Alfred Ancel trouva du travail en tant qu’ouvrier grâce à ses relations dans le cadre de ses engagements de prêtre pradosien

Alfred Ancel ne s’est pas trouvé sur le marché du travail quand il décida de travailler comme un ouvrier.

C’est parmi ses connaissances, des personnes intimement liées au Prado de la Guillotière, qu’il trouva un employeur. Ceci est nettement indiquée par Cécile Mathias dans son ouvrage, Gerland sur les traces de son passé. La famille David avait des liens avec le Prado depuis les heures de la deuxième guerre mondiale. Un seul petit problème dans la vie d’Alfred Ancel. Ce n’est pas à 14 ans qu’Alfred perdit un œil, qu’il devint borgne, mais à 19 ans, le 30 décembre 1917 dans la bataille du Mont Grappa, en Vénétie ; « il avait subi par balle, l’énucléation de son œil droit » (Olivier de Beranger, Alfred Ancel).

Gerland sur les traces de son passé - Cécile Mathias et des habitants de Gerland
Gerland sur les traces de son passé
Cécile Mathias et des habitants de Gerland

Deux entreprises familiales gerlandaises, les établissements Tony David et Guignardat, ont elles aussi participé à cette vie ouvrière du quartier, l’une sur l’avenue Jean Jaurès et l’autre sur le boulevard du Parc d’Artillerie.

La maison mère des établissements Tony David, dont l’activité était à l’origine la découpe sur étoffe, en série et à façon (par exemple la découpe de mouches pour voilettes de dames), était située 19 rue Montesquieu. L’achat en 1937 de l’atelier d’un menuisier situé au 6-8 boulevard du Parc d’Artillerie a permis de développer l’activité de découpe de tissu pour ce disque est constitué la fabrication de disques de polissage en tissu (feutre, coton, laine…)

Des clients des établissements Tony David basés entre autre à Saint-Etienne, fabricants de pièces détachées de vélo, ont commencé à utiliser un brillanteur dans les bains électrolytiques et n’ont donc plus eu besoin d’autant de disques de polissage. L’entreprise a alors commencé à les fournir en métaux. Puis, une nouvelle société fut créée au 6 boulevard du Parc d’Artillerie, la SAM (Société d’Affinage des Métaux), afin de développer l’activité métallurgique. Un chimiste y travaillait.

Pendant la guerre, l’activité fut ralentie, l’atelier de Gerland servant uniquement d’entrepôt avec sept à huit salariés, la maison mère continuant la production. Le stock de nickel fut transporté au Prado et à Beynost afin d’éviter que les Allemands ne le réquisitionnent. En 1944, l’entreprise fut bombardée et le matériel, dont une immense cisaille à métal nouvellement acquise, fut totalement anéanti. On ne retrouva qu’un tube à essai et les lunettes du chimiste de la SAM. Il fallut ensuite tout racheter et tout reconstruire et le redémarrage fut difficile en 45.

« Pendant la guerre, notre père allait au ravitaillement dans la ferme familiale de Montferrat, en Isère et rapportait de la nourriture qu’il distribuait au personnel de l’atelier (une quinzaine de personnes) avec la paie hebdomadaire.

Notre famille, qui habitait place Raspail, a toujours été assez proche du Prado : comme nous avions une voiture, nous avons effectué des transports pour eux quand ils en avaient besoin et d’anciennes prostituées, dont s’occupait sœur Anna, ont été embauchées dans l’entreprise familiale. » Françoise Coiffet et Pierre David

L’usine fut reconstruite en béton armé, aux normes d’une usine moderne, avec un quai d’embarquement. Les plans en avaient été dessinés par Charles Joly, architecte de la SNCF et ami de la famille. Il y avait des bureaux, un laboratoire pour le chimiste et les ateliers, dont un pour l’électrolyse, un pour le métal, un grand atelier pour l’apprêt du tissu (pour lui donner les propriétés abrasives nécessaires au polissage des métaux) avec calandre, sécheur et bacs d’apprêt sécurisés, un pour la découpe, un pour le baguettage… Il y avait une très grosse cheminée extérieure et une chaudière automatisée au charbon à l’intérieur (une des premières de l’époque) qui produisait la vapeur sous pression nécessaire à l’apprêt. L’entreprise puisait l’eau dans les nappes phréatiques et avait son propre réservoir d’eau, sur le toit. Dans les années 50, un nouveau procédé d’apprêt fut mis au point afin d’obtenir du tissu rétractable.

« En ce qui concerne l’activité métallurgique de la SAM, plusieurs recherches ont eu lieu boulevard du Parc d’Artillerie. La mise au point de la distillation du mercure produisait une vapeur toxique a l’intérieur de l’atelier et notre père avait installé un estanco en planches sur le trottoir pour y faire ses expériences. Ensuite, la distillation du mercure a été sous-traitée.

Notre père utilisait beaucoup de matériaux de récupération, ce qui était d’avant-garde, aussi bien pour le tissu (capotes de la seconde guerre mondiale, parachutes…) que pour les métaux comme le nickel en déchets qui venait de toutes origines, le mélange de nickel avec du cuivre, l’étain, le cadmium, le mercure distillé, utilisé entre autre par les dentistes et que l’on trouvait aussi dans les lampes TSF de l’armée américaine… A partir de ces métaux, il obtenait un produit pur par électrolyse ou procédé chimique. Il travaillait en lien avec des professeurs de l’université catholique, qui étaient chimistes.

Une autre idée importante développée et mise en application par notre père était celle de la sous-traitance : la fonte du nickel était réalisée dans les forges de Bompertuis, en Isère car il n’y avait pas de four assez puissant sur place. Parfois, la première coulée était faite par notre père ou notre oncle, son frère, qui travaillait avec lui, pour ne pas engager la sécurité des ouvriers.

D’autres opérations étaient effectuées par des travailleurs à domicile comme la couture de gants de protection en velours, nécessaires aux ouvriers manipulant les tôles. De même, des ballots de chiffon étaient traités et mis aux normes pour l’entreprise grâce à des ex-taulards encadrés par le père Capetier, du Prado, dans le cadre de leur réinsertion à Saint-Léonard, vers Albigny, dont il avait la responsabilité et qui fonctionnait un peu comme un CAT. En 1940, il a eu également des prisonniers politiques à Saint-Léonard qui ont travaillé pour nous. Le père Ancel, évêque ouvrier vivant dans la communauté du Prado, rue Hector Malot, intellectuel issu d’une grande famille soyeuse, était interdit de travailler en usine par Rome. Il découpa lui aussi du tissu pour notre père, à domicile, pendant trois ou quatre années mais, étant borgne depuis l’âge de 14 ans, il avait un très mauvais rendement. Il avait appris le métier à Saint-Léonard entre 1954 et 1958.

Dans les années 50, une soixantaine de personnes travaillaient à Gerland, dont une grande majorité de femmes. Il y avait deux directeurs (notre père, commercial et notre oncle, ingénieur), une secrétaire de direction pour la paie, une autre secrétaire, un comptable, un chauffeur livreur ; un responsable d’entretien, des chefs d’atelier et des ouvriers. Le travail était salissant mais sécurisé et en grande partie automatisé. Il y avait également du personnel issu de l’immigration algérienne. L’entreprise était paternaliste et le personnel y était attaché. Ainsi, comme la famille possédait un immeuble rue Jangot, lorsqu’il y avait des appartements libres, elle les louait à ses employés. » Françoise Coiffet et Pierre David

Les clients de l’entreprise étaient les usines Peugeot, Seb, Tefal, La Solac (étamage, boîtes de conserve, Formica (polissage de formes de pressage du Formica) Tout ce qui était en métal et qui brillait (coutellerie, montres, voitures, boîte de conserve, poêles…) passait par les disques de polissage David. L’entreprise fabriquait également de la pâte à polir rue du Béguin. Les seuls concurrents étaient les Allemands.

Passage extrait du livre Gerland sur les traces de son passé, de Cécile Mathias et des habitants de Gerland, éditions du Mot Passant, 2010, pages 30 et 32.

Alfred Ancel - Au service des migrants
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